L’année a commencé
La tête embuée, le corps affamé, fatigué
Le ventre lourd,
Le ventre monde.
Ce monde que je crée
Cette vie que je fais
Un peu plus chaque jour, elle me possède
Un peu plus chaque jour, elle me révèle.
A eux, à vous, à moi-même.
Elle m’exhorte à être, et tant pis pour le reste
Pour les rageux, pour les frileux,
Pour tous ceux qui, la mort aux lèvres,
La rage au ventre, me regarde miséreux,
Me regarde misérable.
Tant pis pour ceux qui voudraient que je sois ou que j’ai été
Tant pis pour ceux qui ordonnaient et qu’exécuter je sois
Tant pis pour la colère, tant pis pour le soutien vain de certains,
Tant pis pour l’argent, tant pis pour l’amour, tant pis pour les doutes,
Tant pis pour les peurs, tant pis de ne pas être à la hauteur,
Tant pis d’oublier, tant pis de ne pas nettoyer, tant pis d’insister, voire d’exaspérer,
Je donne et je reçois
Et tant pis si je donne tout ce que je reçois.
L’année a commencé
La tête embuée, le corps affamé, fatigué
Le ventre lourd,
Le ventre monde.
Une parenthèse enchanteresse,
Un miracle de donner vie, de rendre vie.
D’accoucher et s’accoucher soi-même.
Se promettre d’être, aussi imparfaite que possible.
De l’assumer, le revendiquer.
Epaules baissées, menton levé.
Droite et fière,
D’être celle que je suis.
Maître de mes erreurs et
De ces heures folles qui m’ont révélées à moi-même.
Fière d’essayer un peu plus chaque jour,
Même quand la peur m’ordonne de stopper.
Surtout quand la peur m’ordonne de tout stopper.
Essayer, tituber, trébucher, vaciller et
Se relever.
Seule ou aidée.
Souvent aidée de mains étrangères,
Qui très vite deviennent familières.
De cette famille que l’on se crée chaque jour.
De ce sang qui pour certains est synonyme d’exhortations,
De reproches, de poison, de fléau, de mots coupables, de mots couteau,
Mais certainement pas de beaux mots.
De ce baume au cœur et à l’âme,
Que ces mains insoupçonnées vous enduisent,
Vous massent, vous soulagent, vous nourrissent et vous bercent.
L’année a commencé
La tête embuée, le corps affamé, fatigué
Le ventre lourd,
Le ventre monde.
J’ai ri, j’ai pleuré
J’ai aimé, été blessée
J’ai espéré et ai été découragée
J’ai hurlé et l’on m’a apaisé
J’ai prié, j’ai exaucé
J’ai espéré, j’ai réalisé
Et surtout, j’ai donné vie.
A elle, à moi, à nous, à vous.
Bigidi mè pa tonbé.
Ce slogan, mon mantra.
Pour avancer petit pas par petit pas
Vers celle que je décide d’être chaque jour
N’en déplaise à moi-même (parfois)
N’en déplaise à vous autres (souvent).
Je décide de qui je suis
De là où je vais
Avec plus ou moins de précisions
Avec plus ou moins de conviction.
N’en déplaise à moi-même,
N’en déplaise à vous autres.
Je navigue sur mes eaux troubles,
Je navigue et tiens la barre
De ce navire que je fais mien.
Épaules baissées, menton levé.
Je navigue, je me perds et me retrouve
Me concerte, me découvre.
J’explore, j’honore chaque jour de cette vie,
Celle que je donne et celle que je reçois.
J’apprends que dans cette vie, tout est une question d’harmonie
Entre qui on est et ce que l’on fait.
Pour être sans chercher à tout prix à avoir.
Etre sans chercher à paraître.
Chercher à s’honorer plus et attendre moins.
Moins des autres, plus de soi.
Moins en soi, plus vers l’autre.
Un peu moins toujours plus.
Trouver son équilibre, son harmonie.
Le sien, son propre.
Le sien, le soi.
Celui qui parle à soi,
Et non dicté par l’autre
Qui s’amuse à édicter et à s’offusquer
De ce que tu ne fais pas mais qu’il est incapable de faire lui-même.
Trouver l’équilibre, trouver l’harmonie
Et le chérir.
Le nourrir, le laisser grandir.
Épaules baissées, menton levé.
Le visage face au vent
La main bien calée sur la barre,
En équilibre sur ce fil,
Le sien, le soi.
En équilibre, cheveux au vent
Qui est libre ?
Toi, moi, nous.
Chacun et personne.
Chacun et nous tous.
Libre d’être qui on est.
Epaules baissées, menton levé.
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