Je me suis toujours sentie à l’écart du monde.
Trop sensible pour certain.s. Pas assez démonstrative pour d’autres. Trop réservée. Pas assez discrète.
J’ai toujours été très curieuse de tout et j’avais soif de comprendre comment le monde fonctionne. En comprendre les codes, les rouages. Est-ce ce qui expliquait que je me sentais si… bizarre !?
Petite, j’avais déjà une fascination pour la langue, pour les mots, pour l’art en général. Ce que j’aimais par-dessus tout c’était me perdre dans un livre ou découvrir un nouveau mot dans le dictionnaire. Tout cela en écoutant de la musique classique ^^ Un ovni, je vous dis ^^ Je me souviens encore de la tête de ma mère quand je mettais ma cassette de musique classique à fond et qu’elle me regardait avec des yeux ronds l’air de dire c’est quoi cette musique ?! A 8 ans, je voulais devenir écrivain et parler couramment l’anglais.
Oui, je me sentais à part et incomprise aussi. Une incompréhension qui, année après année, s’est transformée en complexe.
Ce sont les livres qui m’ont permis de trouver un salut !
Grâce à eux, j’ai compris que je n’étais pas seule. J’ai lu des histoires de personnes qui ressentaient des choses que je pensais être la seule à ressentir. Grâce aux livres, j’ai aussi appris à comprendre. J’avais les moyens d’expliquer ce qui était en jeu, expliquer ce qui se passait en moi et je me suis réfugiée dans les livres.
Alors que je lis « apprendre à transgresser » de bell hooks (c’est le premier ouvrage que je lis de cette pédagogue de l’émancipation), je découvre que nous avons des expériences communes et cette découverte crée entre elle et moi un lien tout particulier.
bell hooks nous dit que durant son enfance, elle s’est sentie étrangère dans son propre foyer et qu’elle « essayait désespérément de trouver le chemin de sa maison… parce que rien ne vaut son chez-soi. » Elle a trouvé son refuge dans l’apprentissage, la théorisation, qui était un moyen, pour elle, de donner un sens, un endroit où elle pouvait imaginer des futurs possibles, où la vie pouvait être vécue différemment.
Je me souviens de ce livre que j’ai lu « Mon bel oranger » qui, bizarrement, m’a fait réaliser que je n’étais pas seule à me questionner, à trouver beaucoup de choses injustes. Oui, je réalisais que je n’étais pas seule. Et ça, ça fait un bien à l’âme qu’il m’est impossible de décrire ici ! Je venais d’apprendre une leçon fondamentale et cette découverte a scellé mon amour pour les livres, ma soif d’apprendre encore et encore.
Oui, je le crois, l’apprentissage est libérateur. Plus que nous ouvrir sur le monde, il permet de nous ouvrir à nous-même, de prendre conscience de la merveilleuse personne que l’on est.
Chacun.e à sa manière.
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